L’intelligence artificielle (IA) s’invite dans tous les secteurs professionnels, et les soins de santé n’échappent pas à cette vague de transformation. Les avancées technologiques remodèlent déjà les pratiques médicales, en particulier dans le domaine du diagnostic, de la prévention et de la personnalisation des soins. Dans un futur proche, de nombreux métiers sont appelés à disparaître ou à se réinventer. Toutefois, les professions dans lesquelles le relationnel joue un rôle central, comme la kinésithérapie, bénéficieront, je l’espère d’une certaine résilience face à l’automatisation.
Mais attention : si l’IA est déjà capable d’établir des diagnostics précis, de proposer des plans de rééducation personnalisés et de suivre les progrès à distance, comment le kinésithérapeute peut-il encore se démarquer ? À l’heure où de nombreux patients peuvent réaliser leurs exercices depuis chez eux avec l’aide d’un coach virtuel, il est essentiel que le professionnel redéfinisse sa valeur ajoutée. Empathie, guidance fine, toucher thérapeutique, éducation au mouvement, motivation sur le long terme : autant de leviers que l’IA, pour l’instant, ne maîtrise pas.
Le kiné de demain devra aller au-delà de la simple exécution d’un protocole : il devra proposer une expérience de soin unique, personnalisée dans la relation, et adaptée à la complexité humaine. Il pourra se différencier en développant des services à haute valeur ajoutée : un accompagnement global du patient incluant le sommeil, la gestion du stress, la respiration ou la nutrition ; un suivi motivationnel avec des outils de coaching, de gamification ou de psychologie du comportement ; des ateliers collectifs axés sur l’éducation au mouvement, la prévention ou la remise en forme fonctionnelle ; une spécialisation poussée dans une niche (réathlétisation post-blessure, femmes enceintes, douleurs chroniques, santé au travail, sport de haut niveau…) ; ou encore l’intégration fluide d’outils numériques dans une prise en charge humaine.
Une autre piste de différenciation réside dans l’équipement du cabinet : proposer aux patients l’accès à du matériel professionnel , souvent coûteux, difficile à utiliser seul ou indisponible à domicile (plateformes de force, appareils de biofeedback, systèmes d’électrostimulation intelligents, réalité virtuelle thérapeutique). Cette offre matérielle, combinée à l’expertise humaine, peut représenter une forte valeur ajoutée. Toutefois, un tel investissement représente un coût significatif pour le kinésithérapeute, dont les revenus restent globalement modestes dans le cadre du conventionnement actuel. La mise à disposition de ces technologies ne pourra réellement se généraliser que si le prix de la séance est revalorisé. Cela supposerait une révision en profondeur du système de conventionnement INAMI ainsi que des modalités de remboursement des patients. Sans ces ajustements structurels, le risque est grand de voir s’accentuer une médecine à deux vitesses, où seuls certains cabinets, hors convention, pourraient offrir ces services innovants.
Des travaux tels que ceux de Topol (2019) dans Deep Medicine rappellent que la médecine du futur sera augmentée par l’IA, mais non remplacée par celle-ci, en insistant sur la nécessité d’une approche équilibrée entre technologie et humanité. En kinésithérapie, cette cohabitation sera cruciale.
L’IA est déjà utilisée pour analyser automatiquement la posture, la marche, les amplitudes articulaires et les asymétries fonctionnelles. Elle s’appuie sur des données collectées par caméras, capteurs inertiels, plateformes de pression ou dispositifs d’imagerie. Des logiciels tels que Physitrack ou Kaia Health intègrent des modules d’IA pour accompagner l’évaluation à distance.
Ces outils permettent une objectivation plus précise des bilans et une comparaison fiable dans le temps, favorisant un meilleur suivi de l’efficacité des traitements.
Grâce au machine learning, l’IA peut ajuster automatiquement les protocoles de rééducation en fonction de l’évolution du patient, de sa douleur, de ses performances ou de son adhérence au programme. Des algorithmes peuvent prédire les séquences d’exercices les plus efficaces à un moment donné, en se basant sur des milliers de profils similaires.
Cette adaptabilité dynamique pourrait accélérer les résultats et améliorer l’expérience du patient.
Avec la généralisation de la télésanté, l’IA permet de déployer des programmes interactifs où le patient est guidé à distance. Des avatars virtuels, couplés à des systèmes de reconnaissance de mouvement, peuvent corriger en temps réel les erreurs d’exécution et proposer des ajustements.
Cela augmente la qualité des soins en dehors du cabinet et maintient un lien de suivi entre les séances présentielles.
L’IA permet d’analyser les données de mouvement et de charge pour prédire les risques de blessure, en particulier chez les sportifs. Elle peut recommander des ajustements de planification pour éviter les surcharges ou les déséquilibres.
Des solutions comme Kitman Labs ou Sparta Science sont déjà utilisées dans le sport professionnel pour surveiller la charge et prévenir les accidents.
Le kiné, en s’appropriant ces outils, devient un acteur central de la performance et de la santé préventive.
Une étude publiée dans Nature (2020) sur le dépistage du cancer du sein par IA montre que l’algorithme surpasse les radiologues dans certaines situations. Une méta-analyse du Journal of the American Medical Association (JAMA, 2021) révèle une précision médiane de 75 % pour les IA diagnostiques, contre 36 % pour les praticiens, mais seulement 65 % quand les deux sont combinés. Cette constatation s’explique par une méfiance, un déficit d’intégration, ou une mauvaise exploitation de l’IA.
Ces données rappellent que pour créer une véritable intelligence augmentée, il ne suffit pas d’additionner les compétences : il faut les articuler avec intelligence. Cela suppose de former les soignants à comprendre, interpréter et dialoguer avec les outils algorithmiques.
La réflexion autour de l’IA dans le monde de la santé ne peut être complète sans interroger son intégration dans la formation initiale des professionnels. Cette question prend une acuité particulière en Belgique, où le master en kinésithérapie et réadaptation est sur le point d’être prolongé à cinq années, dans le cadre d’une harmonisation avec le modèle européen. Cette réforme constitue une opportunité stratégique pour moderniser les contenus et introduire des compétences en lien avec les technologies émergentes, en particulier l’intelligence artificielle.
Cela pourrait inclure :
Toutefois, cette ambition se heurte à un obstacle de taille : la vitesse fulgurante des avancées technologiques. Alors que les outils évoluent plus rapidement que l’ont prévu les experts en IA, les cursus académiques nécessitent des années pour être révisés et validés. Ce décalage pourrait condamner les futurs kinésithérapeutes à apprendre sur des bases déjà dépassées. Pour éviter cet écueil, il serait pertinent d’imaginer des formats de formation continue agiles, des partenariats étroits avec les entreprises du secteur numérique, ou encore des modules d’adaptation réguliers au sein même du parcours académique.
Une étude publiée dans Nature (2020) sur le dépistage du cancer du sein par IA montre que l’algorithme surpasse les radiologues dans certaines situations. Une méta-analyse du Journal of the American Medical Association (JAMA, 2021) révèle une précision médiane de 75 % pour les IA diagnostiques, contre 36 % pour les praticiens, mais seulement 65 % quand les deux sont combinés. Cette paradoxale baisse s’explique par une méfiance, un déficit d’intégration, ou une mauvaise exploitation de l’IA.
Ces données rappellent que pour créer une véritable intelligence augmentée, il ne suffit pas d’additionner les compétences : il faut les articuler avec intelligence. Cela suppose de former les soignants à comprendre, interpréter et dialoguer avec les outils algorithmiques.
L’IA ne remplace pas le toucher, la parole, la présence humaine. Elle libère du temps pour renforcer le lien thérapeutique et se recentrer sur l’essentiel. Le rôle du kinésithérapeute évoluera vers plus de pilotage, de décision, de relationnel.
En misant sur ses qualités humaines et son adaptabilité, le kiné pourra s’épanouir dans un modèle hybride, où l’IA devient une alliée puissante mais non invasive.
La révolution numérique du secteur de la santé est en marche, et l’intelligence artificielle constitue un levier de transformation sans précédent. En kinésithérapie, elle offre l’opportunité d’une pratique enrichie, plus précise, plus personnalisée, et potentiellement plus accessible. Mais cette opportunité ne pourra se concrétiser qu’à condition de relever plusieurs défis majeurs.
Les ajustements à réaliser sont nombreux : intégration de l’IA dans la formation initiale et continue, revalorisation des actes pour permettre l’investissement dans du matériel innovant, adaptation des structures de soin et des systèmes de remboursement, clarification éthique sur l’usage des données et des algorithmes… La tâche est complexe, et elle l’est déjà à l’heure actuelle, alors même que les technologies évoluent à une vitesse que nos institutions peinent à suivre.
Sans anticipation collective, nous risquons de créer une médecine à deux vitesses, où seuls les cabinets les mieux dotés, souvent hors convention, auront les moyens de proposer les soins augmentés que permet l’IA. Pourtant, il est encore temps de poser les bases d’un modèle de rééducation du futur qui soit à la fois équitable, humain et innovant.
Formons-nous, innovons, et osons faire évoluer notre métier. L’essence même de notre activité ne sera préservée qu’à la condition que la technologie reste au service de l’humain.
À l’heure de tirer le bilan de cette deuxième année d’activité à Jehanster, nous sommes fiers…
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