La lecture de cet article vous est proposée par notre logopède Lisa Notturni. L’auteur de cet article est V.B. et il a été publié sur le site pro.guidesocial.be que nous vous invitons à visiter.
Aujourd’hui encore, de trop nombreux professionnels de la santé pensent qu’une intervention autour du langage démarre uniquement à l’entrée à l’école primaire. Emilie Buidin, logopède, nous éclaire et apporte sa vision sur les actions de prévention à mener dans ce secteur.
L’entrée à l’école primaire permet très souvent la détection d’un trouble ou d’un retard de langage. Néanmoins, cette alerte est trop tardive. Le langage s’installe dès les premiers mois de vie et devient de plus en plus organisé entre 1 an et 3 ans. L’action thérapeutique peut donc être précoce. Malheureusement, force est de constater que la majorité des enfants consultent une logopède au cours des premières années de leur scolarité.
Pourquoi démarrer la logopédie dès le plus jeune âge ?
E. Buidin revendique la nécessité d’intervenir avec des sujets en bas âge dès qu’un intervenant ou un parent suspecte un retard ou un trouble du langage. Elle nous explique que « plus tôt on intervient dans le parcours langagier d’un enfant, plus la plasticité cérébrale sera importante et donc meilleur sera le pronostic ». Une action plus tardive retarde l’installation de bonnes pratiques de communication entre l’enfant et son milieu proximal. Comme le souligne E. Buidin « le retard de langage risque de davantage se creuser et amener à d’autres types de difficultés comme des troubles des apprentissages, du comportement, de l’attention.. ».
Les partenaires de travail ?
Le travail de logopédie pour les tout-petits ne s’adressent pas uniquement à l’enfant, il vise également les parents. E. Buidin nous informe qu’il « est essentiel de travailler avec la famille. Il s’agit de réaliser une guidance parentale afin de favoriser les bonnes conduites et les bonnes habitudes de communication dans le quotidien du tout-petit ». S’intéresser à la manière dont le parent joue, parle, lit des histoires à son enfant est essentielle. E Buidin souligne « l’importance de soutenir les parents dans leur rôle sans en faire des professionnels. Les proches doivent rester dans le plaisir. Les aspects plus techniques restent bien entendu le champ d’action du/de la logopède. »
Les actions de prévention ?
S’attacher à détecter les troubles du langage dès le plus jeune âge est en soi une action de prévention. E. Buidin insiste sur « la formation des accueillantes en crèche. Cette démarche se développe, mais devrait absolument se généraliser. Les expériences menées au Canada montrent combien la formation des acteurs de terrain a un effet bénéfique sur la détection des troubles langagiers ». En outre, les pédiatres demeurent la figure de référence médicale pour les jeunes enfants. E. Buidin souligne qu’ « une part de leur attention devrait absolument se porter sur le langage de leur patient afin d’alerter les parents dont l’enfant devrait bénéficier d’une aide logopédique ».
Evolution des mentalités ?
Pendant trop longtemps, l’entrée à l’école primaire déclenchait la consultation chez un(e) logopède. E Buidin déplore que « la logopédie est trop souvent associée à la remédiation des troubles de l’articulation et à la réeducation du langage écrit (comme de la dyslexie, de la dysorthgraphie), qui en général apparaissent au début de l’enseignement primaire. Les aspects de la communication, également travaillés par la logopédie, sont moins bien connus ». Il s’agit donc de mieux faire connaître les champs d’action de chacun afin de réaliser un véritable travail en réseau autour du jeune enfant.
V.B, psychologue clinicienne